Kolwezi – Forum DRC-Africa Battery Metals 2025: La CTCPM appelle à maximiser les profits miniers avant d’envisager la diversification économique

La Rédaction(P.A)
Intervenant lors du panel intitulé « Diversification économique et renforcement de la chaîne de valeur », tenu dans le cadre du Battery Metals Forum, du 29 au 30 septembre, à Kampi ya Boma à Kolwezi dans la province du Lualaba, M.Egyul Mamoko, expert métallurgiste à la Cellule Technique de Coordination et de Planification Minière (CTCPM), a accordé une interview exclusive à Posture d’Afrique Magazine.
Dans son intervention, il a exprimé une position nuancée sur la notion de diversification économique, estimant qu’en RDC, cette priorité doit venir après avoir pleinement tiré profit du potentiel minier, surtout dans le contexte actuel de la transition énergétique mondiale.
“Le terme diversification économique ne me plaît pas beaucoup dans le contexte de la RDC. Nous sommes aujourd’hui à l’ère de la transition énergétique. L’objectif pour la RDC devrait être de maximiser les recettes issues de l’exploitation minière, pourquoi pas pour créer un Fonds Souverain avec les recettes issues du secteur minier, avec des mécanismes de gestion rigoureuse, pour financer la diversification économique par des grands projets agricoles et de l’industrie chimique par exemple”, a-t-il proposé.
À l’en croire, vouloir rapidement tourner le dos au secteur minier pour se lancer dans d’autres secteurs comme l’agriculture ou les services, reviendrait à négliger la seule source actuelle de financement viable du pays.
« L’agriculture et les services exigent de lourds investissements. Où allons-nous trouver cet argent si nous ne capitalisons pas d’abord sur les ressources minières ? », a-t-il questionné.
L’expert de la CTCPM souligne aussi le caractère temporel de la valeur des minerais : « Ce qui est utile aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. » Pour illustrer son propos, il ajoute : « Si je vous donne 10 tonnes d’or et je vous place seul dans un désert, vous ne saurez quoi en faire.» Ce, avant d’ajouter :
« Il y a un autre aspect que je souhaite aborder : la consommation du cobalt. Aujourd’hui, la RDC, en particulier le Katanga, est le premier producteur mondial de cobalt. Or, cette consommation a été portée pendant longtemps par une chimie particulière utilisée dans les batteries pour véhicules électriques : la chimie NMC (Nickel Manganèse Cobalt). »
Selon lui, cette technologie a été le principal moteur de la demande en cobalt. Cependant, un basculement s’opère au niveau de l’industrie de stockage d’énergie principalement en Chine.
« Les industriels, confrontés aux difficultés d’approvisionnement et au coût élevé du cobalt, migrent vers une autre technologie : le LFP (Lithium Fer Phosphate), qui n’utilise pas de cobalt. »
M.Egyul Mamoko rappelle que, la technologie lithium-ion domine actuellement le stockage d’énergie, avec ses principales variantes chimiques à savoir : LCO (Lithium Cobalt Oxyde) ;
LMO (Lithium Manganèse Oxyde);
NMC(Nickel Manganèse Cobalt);
NCA (Nickel Cobalt Aluminium) ;
LFP (Lithium Fer Phosphate);
LTO (Lithium Titane Oxyde).
« Pour les batteries de véhicules électriques, ce sont les chimies NMC et NCA qui ont dominé jusqu’ici. Mais la tendance actuelle, c’est la migration vers la chimie LFP, sans cobalt. C’est une menace directe pour le Congo, riche en cobalt. »
Face à ce défi, le représentant de la CTCPM à ce Forum appelle à un recentrage stratégique :
« Nous devons envisager de migrer vers la chimie LCO (Lithium Cobalt Oxyde), aujourd’hui indispensable pour les batteries de téléphones portables et le stockage stationnaire. »
Et de souligner :
« En RDC, près de 62 millions de Congolais possèdent un téléphone portable. Le marché est donc là. »
Il met en garde contre une posture attentiste :
« il est temps de nous réveiller et de voir la réalité en face. Au lieu de rêver d’avoir une usine de batteries pour véhicules électriques un projet ni à court ni à moyen terme, nous n’aurons la batterie des véhicules made in DRC. Nous avons un exemple patent, le CCB lancé depuis 2022 sans résultats. Nous devons plutôt penser à la priorisation d’une chimie telle que LCO, qui pourrait facilement attirer des investisseurs de la téléphonie mobile et de l’électronique grand public tels que APPEL, DELL, MICROSOFT, SAMSUNG, TOSHIBA etc.»
Rappelons que la Cellule Technique de Coordination et de Planification Minière (CTCPM) est le plus vieux service technique spécialisé dui Ministère des Miines , crée le 11 avril 1978. Ses missions principales sont de concevoir les politiques et stratégies du secteur minier, d’émettre des avis, de coordonner et de contrôler les activités minières, et de veiller au transfert des technologies aux cadres nationaux. Elle joue un rôle clé dans l’optimisation de l’exploitation des ressources minérales du pays, la réalisation d’études techniques, et l’harmonisation des actions entre le Ministère et les organismes intéressés à la solution des problèmes miniers.

