Crédits carbone : un levier en plein essor pour financer la transition énergétique en Afrique

Par
Edouard Funda

Alors que le financement des énergies propres demeure insuffisant sur le continent, le marché des crédits carbone s’impose progressivement comme une source alternative de capitaux. De plus en plus d’acteurs africains et internationaux y voient un outil concret pour accélérer la transition énergétique et renforcer l’accès à une énergie durable.

La banque britannique Tandem a annoncé, fin octobre 2025, avoir compensé l’intégralité de ses émissions opérationnelles de 2024 en acquérant plus de 3 300 tonnes de crédits carbone auprès de Climate Impact Partners.
Ces crédits proviennent de projets solaires domestiques au Kenya et en Ouganda, offrant à des milliers de foyers une électricité fiable et réduisant la dépendance au kérosène. Les revenus générés par la vente de ces crédits permettent de pérenniser et d’étendre ces initiatives locales à fort impact social et environnemental.

Un marché volontaire en expansion

Les crédits carbone constituent désormais un instrument de financement climatique reliant les entreprises du Nord à des projets d’atténuation des émissions dans les pays du Sud, notamment en Afrique.
Émis après vérification indépendante des réductions d’émissions, ils sont acquis par des sociétés désireuses de compenser leurs émissions résiduelles.
Sur le marché volontaire, où opère Tandem, ces transactions permettent de mobiliser des capitaux privés vers des projets d’énergie propre, en particulier dans la cuisson propre et l’électrification décentralisée.

Vers une intégration au cadre de l’Accord de Paris

En parallèle, certains projets africains s’inscrivent désormais dans un cadre réglementaire international, en vertu de l’article 6.2 de l’Accord de Paris.
Ainsi, Spark+ Africa Fund et Envirofit ont finalisé au Ghana la première émission et vente de crédits transférables (ITMOs). Ces crédits, acquis par la Suisse pour atteindre ses propres objectifs climatiques, proviennent d’un programme de cuisinières améliorées. Celui-ci contribue à réduire la consommation de bois et de charbon, tout en créant des emplois locaux et en améliorant la santé des ménages.

Un potentiel africain encore sous-exploité

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la valeur des transactions de crédits carbone liés à l’énergie a atteint 335 millions USD en 2024, soit à peine 0,02 % du financement mondial des énergies propres.
Pourtant, la part africaine du marché connaît une croissance rapide, passant de 43 millions USD en 2020 à 143 millions USD en 2024. Cette progression est principalement portée par les projets de cuisson propre, qui représentent plus de 80 % des transactions régionales.

Un outil concret pour la transition énergétique

Bien que marginal à l’échelle mondiale, le marché du carbone devient en Afrique un levier stratégique de financement de la transition énergétique.
En soutenant des projets d’électrification hors réseau et de cuisson propre, il contribue à réduire la précarité énergétique, tout en générant des co-bénéfices économiques, sociaux et sanitaires pour les communautés locales.

About Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *