DISPUTE INTERMINABLE/CONFLIT HOMME-ANIMAL : Gael Mabanza en raconte l’histoire aux élèves du collège Boboto, en guise de conscientisation

Saint-Germain Ebengo
Après avoir été dans plusieurs écoles de Kinshasa, à peu près une cinquantaine, dans le cadre de la conscientisation des écoliers congolais sur l’importance de la protection de l’environnement, par l’entremise de son très prochain ouvrage ”DISPUTE INTERMINABLE, CONFLIT HOMME-ANIMAL, la conteuse congolaise Gael Mabanza, a été hier, mercredi 22 octobre, au Centre Culturel Boboto, pour le même exercice, cette fois-là avec les élèves du collège qui porte le même nom que le centre culturel ci-haut évoqué.
L’événement a eu lieu en marge de la célébration de la Journée Mondiale de l’Okapi, qui se commémore chaque 18 octobre, et en présence des autorités tant de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature que celles de l’Office National du Tourisme.

Devant un auditoire archicomble, celle que l’on appelle désormais la La Fontaine de la RDC a eu à entretenir les petits collégiens autour de sa fiction qui retrace, durant 110 pages, l’histoire d’un village situé à la lisière de la forêt ”Équatoriale” et dont les habitants faisaient du braconnage et de la coupe des bois leur principale activité de survie.
Les animaux, se sentant à la fois envahis et en danger de se voir dépossédés de leur habitat naturel, ils vont à leur tour envahir les espaces occupés par les hommes où ils ont réussi à dévorer tous les produits de leurs champs. Il s’ensuivra un derèglement climatico-économique hors pair dans les deux camps.
Durant cette riche performance qui a duré plus de la moitié d’une heure, sous un fond ‘percussionnistique”’ signé Jérémie Kamba, avec à la régie monsieur Mavie Wenzi, les enfants, tout de bleu-blanc vetus, ont appris pas mal de choses sur le sens de la biodiversité et de l’environnement ainsi que sur le devoir qu’ils ”doivent” désormais se donner, à savoir, celui de songer à apporter eux aussi, leurs contributions dans la conservation de la nature.
Voilà ce qui a même justifié le sens de la conversation qui a fait suite à cette prestation haute en couleurs entre eux et madame la conteuse, qui a fait office de leur surnuméraire en charge de l’écologie, sous une distribution du micro assurée par monsieur Lele Michou Bossay.
Ses pertinentes réponses à leur endroit ont été complétées et enrichies par celles des experts de deux institutions ci-haut évoquées.
CONTRIBUTION DES EXPERTS
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Pour monsieur Lucien-Gédéon Lokumu, Directeur à l’ICCN en charge de la criminalité faunique et de la formation des rangers, en sa qualité de Cadre du Corps de Protection des Parcs et Réserves apparentées, lorsqu’il y a des communautés humaines vivant dans la lisière des aires protégées il surgit toujours de grands problèmes tels que la transmission des maladies des animaux vers les hommes et des hommes vers les animaux.
À l’en croire, l’absence des pluies en cette fin octobre trouve aussi sa cause dans la destruction de la forêt par l’homme.
C’est le même constat qu’a fait monsieur Paul Musubao, directeur à la direction scientifique de l’ICCN.
”Aujourd’hui déjà 22 octobre, jusqu’ici il n’y a pas une seule pluie”, a-t-il déploré avant de rappeler l’importance de l’eau dans la vie de l’humain :
”Sans eau, on ne peut pas boire, on ne peut pas faire la cuisson, on ne peut pas se laver, on ne peut pas laver ses habits, on ne peut pas être propre”.
Alain Lofoli, directeur à l’Office National du Tourisme, a, durant sa prise de parole, évoqué le côté touristique de la Faune et de la Flore, avec une mise en évidence de nos jardins et parcs nationaux.
Dans sa définition du concept à l’intention des enfants, monsieur le directeur de l’O.N.T. a parlé du tourisme comme étant le fait pour l’homme de se déplacer pour de doubles raisons de loisir et de découvertes.
Au vu du fait que cette performance de Gael a coïncidé avec la date de célébration de la Journée mondiale de l’Énergie, monsieur Lucien-Gédeon Lokumu a eu des mots justes pour faire une mise en garde sur le recours à la coupe des arbres dans le but soit de produire de l’énergie ou soit de chauffer des fours.
”C’est une destruction méchante. On peut toutefois couper mais avec l’obligation de reboiser toute suite après”, a-t-il levé l’équivoque avant de proposer l’alternative :
”Il y a moyen de faire interagir la production de l’énergie et la conservation de la nature, via recours à d’autres sources d’énergie, telle que l’énergie voltaïque, en vue de notre propre bien-être ainsi que de celui de générations futures”
Monsieur Jules Mayifuila Lukombo, Directeur en charge des parcs, domaines et réserves au sein du même institut, a abondé dans le même ordre d’idées que son collègue et a confirmé son dévolu sur l’énergie voltaïque.
”L’énergie photovoltaïque, c’est la meilleure option pour nous autres conservateurs de la nature et de la biodiversité. Le ministère de L’ Énergie, celui de l’Enseignement Supérieur, Universitaire, Recherches Scientifiques et Innovations Technologiques, celui de Développement Rural, celui de l’Environnement, Développement durable et Nouvelle Économie du Climat auquel appartient l’ICCN que nous sommes, sans oublier celui de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté, devons tous travailler d’un commun accord, de sorte que nos cours d’eau et nos forêts soient le mieux protégés et le mieux conservés”, a-t-il recommandé.
Pour lui, la performance qui émane du livre de Gael Mabanza vient jeter une passerelle de collaboration entre tous ces ministères.
”Nous ne voulons pas que nos villages, nos communautés rurales et nos villes continuent à vivre ce qu’ils sont en train de vivre à l’heure actuelle. Nous voulons que les milieux naturels restent tels quels. S’ils faut faire des ponctions, nous ferons des ponctions, mais de façon réglementée selon la loi. Si nous les faisons en notre manière, la forêt risque de disparaître”
Jules Mayifuila croit à la possibilité de voir un jour ce conflit interminable homme-animal prendre fin, pourvu que l’on commence par l’atténuer au travers des échanges, des dialogues, et des séances de formation.
Au regard des questions que leur ont posées les enfants, il s’est dit fier de constater que le message est bien passé. C’est ce qu’il confirme à travers sa déclaration qui suit :
”Au sujet de la consommation de la biodiversité, nous devons commencer à la base comme aujourd’hui pour éviter que nous ayons de futurs braconniers. Si les enfants comprennent ce message dès maintenant, ils seront des canaux de transmission de l’information vers les adultes en vue d’une conservation à la fois responsable et durable”, parole du directeur en charge des parcs, domaines et réserves qui rassure :
”Pour nous l’ICCN, ça nous va droit au cœur et nous commencerons à partir de ce manuel à faire ce qu’on appelle
”éducation mésologique, c’est-à-dire aller vers les écoles, vers les universités et pourquoi pas vers les entreprises, pour leur en parler de vive voix. Parce que la conservation de la nature est mal comprise par pas mal de gens”.
Il faut souligner à cet effet que l’ICCN n’interdit pas à l’homme de manger la viande animale, comme s’il le soumettait au végétarisme, mais il faut plutôt manger de manière responsable ou, en termes clairs, de façon à songer aussi aux générations futures.
Ce qui se justifie par le fait que l’homme dépend aussi de la protéine animale, mais, vu le fait que sa vie est aussi fonction de la forêt pour son oxygène, il lui est pendant ce temps exigé de respecter les limites et surtout les aires protégées.
Monsieur J.M.L. s’inquiète en plus du fait de voir la ville de Kinshasa, qui était hier une ville verte, devenir aujourd’hui une ville ”kaki”. Ce qui signifie, pour le dire noir sur blanc, qu’il n’y a plus d’arbres à Kinshasa, un défaut notoire qui risque de transformer sa superficie en un désert urbain.
Les enfants ont dit merci à madame Gael ainsi qu’à ses invités pour les avoir aidés à mieux cerner le sens de la biodiversité qui les aidera, surtout une fois adulte, avec des responsabilités étatiques ou ”non”, à participer de façon active dans la gestion durable de la forêt et des animaux.
Madame Gael Mabanza est la présidente de la troupe théâtrale dénommée Théâtre de la passerelle.
Elle est en dehors d’être conteuse et dramaturge, porteuse d’une licence en Relations internationales.




