On ne développe pas, on se développe
Il faut oser le dire : on ne développe pas un peuple, un peuple se développe lui-même.
Depuis trop longtemps, nos nations vivent dans l’illusion d’un développement importé, planifié à l’extérieur, financé de l’extérieur, et souvent pensé sans nous.
Nous avons fait du mot développement une prière adressée à autrui, alors qu’il devrait être une promesse que nous nous faisons à nous-mêmes.
Chaque sommet, chaque projet, chaque programme d’aide annonce le changement. Et pourtant, dans les villages, dans les quartiers populaires, la réalité ne change guère : la pauvreté s’installe, la jeunesse s’impatiente, la dépendance s’éternise.
Parce qu’on a oublié l’essentiel : le développement n’est pas un transfert, c’est une transformation.
Un pays ne se développe pas à coups de slogans ni de fonds de coopération. Il se développe par la lucidité de ses dirigeants, le courage de ses citoyens, la rigueur de ses institutions et la fidélité à ses valeurs.
Il se développe lorsque le citoyen cesse de se percevoir comme un assisté pour devenir acteur.
Lorsque le paysan croit à la valeur de sa terre, lorsque l’entrepreneur invente malgré les obstacles, lorsque le fonctionnaire sert au lieu de se servir, lorsque la jeunesse décide d’agir au lieu d’attendre.
Le développement n’est pas une faveur que d’autres nous accordent.
C’est une responsabilité collective, un combat quotidien, une conquête de dignité.
Et tant que nous n’aurons pas compris cela, nous resterons prisonniers d’un modèle où d’autres décident de ce qui est bon pour nous.
Non, on ne développe pas un peuple.
Un peuple se développe, quand il décide enfin de croire en lui-même.